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Beirut agosto 2020

Beyrouth Sit’ el Dunia (FR-IT)

Très chers,
J’ai été à Beyrouth le 6 Août, 2 jours après la “catastrophe”. J’ai aidé mes cousines qui ont eu des dégâts graves dans leurs maison, magasin et bureaux… J’ai ensuite fait un tour en ville à pieds… À Gemmayze et à Mar Mikhael, cœur vibrant de la ville, où cent fois j’ai retrouvé quelqu’un pour un verre, cent fois travaillé dans un café, cent fois été pour une réunion politique, cent fois échappé à une manifestation violente. Où j’ai vécu avec certains d’entre vous à la maison du Mouvement Gen. J’ai marché dans Sursock, très beau quartier caché entre les arbres. À Beyrouth, pas une maison, pas un immeuble, pas un magasin n’a été épargné… Les dégâts matériels sont ceux produits par une bombe “semi-nucléaire”… J’ai inventé ce concept pour pouvoir expliquer…. Beyrouth a connu des milliers de déflagrations, bombardements, explosions, mais jamais une chose pareille. En 30 secondes toute la ville a été touchée. C’est notre Hiroshima disent certains… C’est peut-être exagéré, mais il nous semble que ce soit ainsi.
Beyrouth est sans vitres. Il n’y en a plus une en place. Des tonnes de vitres dans les rues. Le son du verre balayé est très particulier et raisonne dans les maisons voisines et dans toute la ville.
Beyrouth a perdu nombreuses de ses maisons libanaises traditionnelles. Encore une partie de son patrimoine qui avait réussi à survivre la guerre civile, et les entrepreneurs des Seigneurs de guerre convertis en politiciens.
J’ai travaillé 6 heures pour enlever le verre et les décombres d’une maison. D’une cuisine en fait, jadis espace de rencontres familiales, espace de travail en attendant la réunion dans le café d’à côté, de préparation de bannières pour les manifestations. J’ai enlevé des décombres tombés dans des bocaux de pâtes et de lentilles…
Je n’arrive pas à réaliser ce qui s’étend devant mes yeux. L’échelle de la destruction. Cependant, Beyrouth est complètement abandonnée. Il n’y a pas une personne en uniforme qui ramasse les décombres, ou qui garantit la sécurité des personnes qui travaillent, qui examine l’état des immeubles, s’ils sont sûrs ou sur le point de tomber. Beyrouth est complètement abandonnée à l’extraordinaire réseau de la société civile qui fait tout, pense à tout, coordonne tout. Mais ce n’est pas normal, nous sommes des champions de résilience. Mais ce n’est pas normal. Notre génie individuel ne réussit pas à se concrétiser en un projet d’État. Notre intelligence collective est sans doute très fragile. Nous sommes surtout des identités fragmentées. Et nous avons besoin d’un État. La faillite économique nous l’a mis devant les yeux. Clairement. Et maintenant ceci…. Communautés religieuses-entités politiques tribales. Système périmé.
Je suis contente d’avoir vu ma Beyrouth, de n’avoir pas attendu plus longtemps pour la voir… blessée comme jamais. Mais toujours aussi belle. Je suis contente de m’être sentie utile.
Je retourne à la maison, j’embrasse mon fils. Mon esprit est absent, mais je lui donne le bain, raconte l’histoire que nous avons inventée ensemble de M. le Merle, et puis je l’endors.
Et commence la prise de conscience. La Beyrouth que j’ai connue n’est plus. Elle était déjà en train de se transformer profondément sous le coup de la faillite économique, mais désormais ses blessures cachées sont visibles. Et je pleure, et je suis au plus bas… Et puis je réussis à me lever du lit pour préparer des articles et du matériel de communication pour ma ville.
Je vous embrasse, de Beyrouth Sit’ el Dunia.

 

Myriam Mehanna*
*Myriam Mehanna, PhD in Private Law, Lawyer and legal researcher

Photo Courtesy: Myriam Mehanna

 

 

Beirut Sit’ el Dunia. La Signora del mondo.
Carissimi.
Sono stata a Beirut il 6 agosto, 2 giorni dopo la “catastrofe”.
Ho aiutato le mie cugine che hanno avuto danni gravi in case, negozi e uffici loro… Poi ho fatto un giro in città a piedi… in Gemmayze e Mar Mikhael, il cuore vibrante della città dove ho incontrato qualcuno per un drink cento volte, ho lavorato in un caffè cento volte, dove sono stata per incontri politici cento volte, dove sono scappata a manifestazioni violente cento volte. Dove ho vissuto con alcuni di voi nella casa del Movimento Gen. Ho camminato a Sursock bellissimo quartiere nascosto fra gli alberi. A Beirut non c’è più una casa, un palazzo, un negozio, che non sia stato colpito…. I danni materiali sono quelli di una bomba “semi-nucleare”… ho inventato il concetto per spiegare… Beirut ha conosciuto migliaia di deflagrazioni, di bombardamenti, di esplosioni, ma mai una cosa così. In 30 secondi tutta la città è stata colpita. È la nostra Hiroshima dicono alcuni… è forse esagerato ma ci sembra così.
Beirut è senza vetri. Non ce n’è più uno al suo posto. Tonnellate di vetro nelle strade. C’è un suono molto particolare del vetro spazzato, e risuona nelle case vicine e in tutta la città.
Beirut ha perso moltissime delle sue case libanesi tradizionali. Ancora, una parte del suo patrimonio che aveva riuscito a sopravvivere alla guerra civile, e agli imprenditori dei Signori della guerra convertiti in politici.
Ho lavorato per 6 ore a togliere vetro e rottami da una casa. Una cucina in effetti. Una volta spazio di incontri in famiglia, posto di lavoro aspettando una riunione nel caffè là dietro, di preparazione di scritte per una manifestazione. Ho tolto rottami caduti in barattoli di pasta, di lenticchie…
Non mi rendo conto di quello che c’è davanti a miei occhi. La scala della distruzione. Però Beirut è completamente abbandonata. Non c’è una persona in uniforme che rimuova i rottami, o che garantisca la sicurezza della gente che lavora, che esamini lo stato di palazzi e case, se è sicura o sta per cadere. Beirut è completamente abbandonata alla straordinaria rete della società civile che fa tutto, pensa a tutto, coordina tutto. Ma non è normale, siamo campioni di resilienza. Ma non è normale. Il nostro genio individuale non riesce a concretizzarsi in un progetto di Stato. La nostra intelligenza collettiva dev’essere molto fragile. Siamo soprattutto identità frammentate. E c’è bisogno da uno Stato. Il fallimento economico ce l’ha messo davanti agli occhi. Chiaro. E adesso questo… Comunità religiose – entità politiche tribali. Sistema scaduto.
Sono contenta di aver visto la mia Beirut, di non aver aspettato più a lungo per vederla… ferita come mai. Ma sempre così bella. Sono contenta di essermi sentita utile.
Torno a casa, abbraccio mio figlio. Non ho presenza di spirito, gli faccio il bagno, racconto la storia che abbiamo inventato insieme di Mr. le Merle, e poi lo metto a dormire.
E comincia la consapevolezza. La Beirut che ho conosciuto non c’è più. Già stava per trasformarsi profondamente col fallimento economico, le sue ferite nascoste sono ora visibili. E piango e sono giù… E poi riesco a alzarmi del letto per preparare articoli e materiali di comunicazione, per la mia città.
Un abbraccio, da Beirut Sit’ el Dunia.
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